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L’objet interstellaire 3I/ATLAS

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Il y a quelques jours un nouvel objet interstellaire a été découvert en utilisant l’instrumentation du programme ATLAS. Ces objets sont des astéroïdes ou comètes qui ont été éjectés de leur système planétaire d’origine et divaguent alors dans la voie lactée. Ils sont susceptibles de se rapprocher par hasard des autres systèmes planétaires dont le notre, le système solaire.

Image avec une petite tache blanche qui se déplace au milieu des étoiles appraissant comme de petites lignes lumieuses.
Animation représentant 3I/ATLAS se déplacent au milieu d’étoiles. Chaque pose dure 10minutes et le suivi est fait sur l’objet interstellaire ce qui fait que les étoiles apparaissent comme des traits. Les pixels blancs sont dus au capteur photo. Les photos ont été prises le 02 juillet 2025 de 00:42 à 01:23 UT au télescope de 43cm du Deep Random Survey au Chili.

En quoi est t’il possible de le différentier des objets du système solaire ?

Le paramètre clé pour reconnaître ce type d’objet est l’excentricité de son orbite (sa trajectoire). L’excentricité est le paramètre orbital qui indique si l’orbite est un cercle ou une ellipse plus ou moins aplatie.

  • Un cercle parfait à une excentricité de 0. C’est, en première approximation, le cas des planètes et d’une grande majorité des astéroïdes du système solaire.
     
  • Les comètes périodiques ont par contre des orbites très allongées. C’est ce qui les amènent à passer proche du Soleil avant de repartir au loin où elle restent la grande majorité du temps. Les objets dans ce cas ont des excentricités proches mais inférieures de 1.
     
  • Il est aussi possible pour une comète d’avoir une orbite ayant une excentricité de 1. La trajectoire est alors parabolique. La comète était dans le système solaire lointain, dans le nuage de Oort, et a vu sa trajectoire perturbée par exemple lors d’une collision avec un autre objet. Parfois, la perturbation provoque le passage de l’objet près du Soleil, dans ce cas on peut l’observer lors d’un unique passage. Dans tous les cas l’objet est ensuite éjecté du système solaire. L’excentricité de ces comètes peut être légèrement supérieure à 1, il s’agit alors d’une trajectoire hyperbolique. Toutefois, la valeur de l’excentricité ne peut pas être très grande car pour cela il faudrait que la perturbation soit très importante.

Comme vu plus tôt le système solaire perd régulièrement des objets et cela doit être encore bien plus courant autour d’autres systèmes planétaires en train de se former.

Lorsqu’un objet de ce type arrive dans notre système solaire il n’y a aucune raison que son mouvement soit comparable avec ceux de notre système ce qui amène des vitesses relatives souvent considérables. Une telle vitesse a pour conséquence de leur faire apparaître comme un objet ayant une trajectoire très hyperbolique avec une excentricité très élevée :

  • 1I/ʻOumuamua : 1,201
  • 2I/Borissov : 3,356
  • 3I/ATLAS : 6,3 (la valeur n’est pas encore connue avec une grande précision)
    C’est cette excentricité élevée qui indique que l’objet est bien un objet interstellaire et non une comète du système solaire résultant d’une perturbation du nuage de Oort.

Observabilité

Par rapport aux deux objets précédents, qui était très petits et très peu lumineux, 3I/ATLAS s’avère relativement bien visible. Cette luminosité est la marque d’un objet, soit très grand (dizaines de kilomètres) soit avec une activité cométaire importante.

Toujours est t’il que sa magnitude est de l’ordre de 17. En visuel, il faudrait un télescope avec un diamètre de un mètre. En photographie par contre cela commence à devenir possible avec des instruments d’amateur bien équipé. Certains l’on même photographié assez rapidement : http://www.astrosurf.com/topic/177322-i3-atlas/ !

La luminosité de l’objet devrait augmenter progressivement au fur et a mesure que l’objet se rapproche du système solaire. Il ne faut toutefois pas trop tarder car, vu depuis la terre, l’objet passera derrière le Soleil fin octobre le rendant inobservable quelque mois. Une fois cette période la luminosité ira en diminuant.

A noter que la trajectoire n’est pas encore connue avec une grande précision, si vous observez l’objet il est donc probable qu’il y ait un petit décalage avec ce qui est prévu par les logiciels d’astronomie. Dans le cas d’un objet tout de même difficile à observer il paraît illusoire de se repérer aux étoiles environnantes pour tomber pile sur le bon objet. Faites plutôt des images pendant relativement longtemps, une heure au moins, et le lendemain essayer de repérer les déplacements en faisant un blink entre deux images traités par exemple. N’oubliez pas de mettre à jour régulièrement les paramètres orbitaux de cet objet dans votre logiciel.