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Guy Moreels (1943 - 2022)

publié le , mis à jour le

Né à Roubaix, dans une famille de trois enfants, Guy Moreels a été étudiant à l’ENSET (future ENS de Cachan puis ENS Paris-Saclay). Agrégé, il prépare ensuite un Doctorat d’État au Service d’aéronomie de Verrières-le-Buisson sous la direction de Jacques Blamont. Cette thèse de doctorat est consacrée à l’émission du radical hydroxyle (OH) dans la haute atmosphère terrestre. Ce travail amène Guy Moreels à effectuer des mesures avec des ballons lancés par le CNES à Aire-sur-l’Adour ainsi qu’à bord d’un avion bombardier anglais non pressurisé volant à 7000 m. Après l’obtention de sa thèse Guy Moreels se rend au Canada en post doc à l’Université du Saskatchewan à Saskatoon où il reste 6 mois.

Après avoir occupé un poste de Professeur à l’Université de Sfax, en Tunisie, Guy Moreels obtient en 1978 un poste de Professeur à l’Université de Franche-Comté et développe alors ses recherches à l’Observatoire de Besançon. Spécialisé dans les atmosphères planétaires il obtient la responsabilité d’un instrument scientifique destiné à l’étude de la comète de Halley, embarqué sur les sondes Vega 1 et Vega 2. Ces sondes, construites par l’Union soviétique d’alors, en collaboration avec plusieurs pays européens, ont pour objectif l’étude de l’atmosphère de Vénus (largage d’un ballon) puis celle de la comète de Halley. L’instrument dont Guy Moreels assure la réalisation est la partie proche UV-visible d’un spectromètre tricanal baptisé TKS. Cet instrument est installé sur le bras articulé qui pointe vers le noyau de la comète de Halley lors de sa rencontre avec les deux sondes.

Guy Moreels supervise la réalisation de cet instrument, en liaison avec le service temps-fréquence de l’observatoire de Besançon et avec les collègues russes, ce qui constitue un bel exemple de collaboration scientifique du début des années 80 et nécessite plusieurs voyages à Moscou, le tout dans des délais très contraints. Les deux sondes sont lancées les 15 et 21 décembre 1984 et rencontrent la comète de Halley les 6 et 9 mars 1986. L’instrument embarqué sur Vega 2 fonctionne correctement et fournit des données scientifiques importantes sur la composition de la comète de Halley, la première comète à être analysée de près par des sondes spatiales.

Plus tard, dès le fin des années 1990, Guy Moreels revient à l’étude des raies du radical hydroxyle dans la haute atmosphère terrestre et qui émet de nombreuses raies d’émission dans l’infrarouge proche. Il initie tout d’abord une collaboration avec des chercheurs de l’ESO qui mène dans un premier temps à la publication d’un article de référence donnant les longueurs d’onde précises de ces raies. Il se consacre ensuite à l’observation directe, par imagerie dans le proche infrarouge, de ces émissions. Ce travail l’emmène jusqu’au Pérou et permet de mieux comprendre la dynamique de ces ondes, qui affectent l’observation du ciel en infrarouge proche.

Parallèlement à ses activité de recherche Guy Moreels développe l’enseignement de l’astronomie à l’UFR Sciences et Techniques de Besançon et assure un enseignement apprécié en physique. Il s’est occupé de nombreux étudiants, n’hésitant pas à leur consacrer du temps pour les aider dans leur projets professionnel. Il a assuré l’encadrement de nombreux stages et thèses de doctorat et suscité de nombreuses vocations pour l’astronomie.

Ses étudiants et collègues gardent le souvenir d’un homme d’une grande culture scientifique qui aimait partager sa passion et n’hésitait pas à consacrer du temps aux autres. Guy avait quitté l’observatoire de Besançon, pour une retraite bien méritée, en 2014. Il a ainsi pu profiter de ses quatre enfants et dix petits-enfants. Il est décédé le 3 mars 2022, et repose désormais aux cotés de son épouse, décédée en 2004. Nos pensées vont à sa famille et à ses proches.